
« Claude Labrèche, 1699 »
Musique baroque française et italienne Aline Zylberajch, clavecin
Le samedi 28 juin à 20h, un concert transportera le public au XVIIe siècle.
Le château de Bournazel a fait l’acquisition en 2024 d’un instrument rarissime, un clavecin construit à Carpentras, en 1699, par Claude Labrèche. De ce facteur important du XVIIe siècle ne subsistent aujourd’hui que deux instruments, conservés à Stuttgart et à Bournazel.
Quasiment intact depuis sa fabrication, celui de Bournazel est classé au titre des Monuments Historiques et fait l’objet d’une protection attentive. Après une période d’observation de plusieurs mois destinée à éliminer les risques de détérioration du bois par les insectes et à réviser le fonctionnement de sa mécanique d’origine, le clavecin Labrèche se fera entendre à nouveau le 28 juin sous les doigts d’Aline Zylberajch, claveciniste et pédagogue de premier plan, particulièrement reconnue pour sa connaissance en profondeur de la musique du XVIIe siècle. Un événement inaugural à ne pas manquer !
Un joyau musical retrouvé
le clavecin de Claude Labrèche (1699)
Un témoin précieux de la facture instrumentale française sous Louis XIV
C’est un miracle patrimonial comme on en rencontre peu : un clavecin à deux claviers construit en 1699 par Claude Labrèche, facteur d’instruments actif à la fin du XVIIe siècle, a refait surface après plus de trois siècles d’oubli. Exceptionnel par sa rareté, son état de conservation et la qualité de sa facture, cet instrument a récemment été acquis par le Château de Bournazel, en Aveyron, où il a trouvé une place idéale, dans un écrin de pierre Renaissance dédié aux arts et à la musique.
Claude Labrèche, facteur méconnu, artisan d’exception
Peu de choses sont connues de Claude Labrèche, sinon qu’il fut l’auteur de ce clavecin daté de 1699, une date qui en fait l’un des plus anciens exemples de clavecin français à deux claviers conservés. Il appartenait sans doute à cette génération d’artisans parisiens ou provinciaux qui travaillaient à la lisière de la cour et des grands foyers aristocratiques, produisant des instruments d’une rare sophistication destinés à une élite mélomane.
Sa facture s’inscrit dans la tradition française de la lutherie à clavier : élégance sonore, raffinement décoratif, et technologie sophistiquée. Le nom de Labrèche n’est certes pas aussi célèbre que ceux de Vaudry, Denis, ou Blanchet, mais le clavecin qu’il signe en 1699 témoigne d’une maîtrise tout à fait comparable. En cela, il constitue une précieuse redécouverte dans l’histoire de la facture instrumentale française.
Un clavecin à deux claviers, emblème du Grand Siècle
Le clavecin de Claude Labrèche est un instrument à deux claviers (manuels), configuration rare et prestigieuse à la fin du XVIIe siècle. Ce double clavier permettait à l’interprète de passer rapidement d’un registre à l’autre ou de superposer les jeux pour enrichir l’expressivité du jeu. Un tel instrument, coûteux à fabriquer et réservé aux interprètes confirmés, était le privilège des salons aristocratiques, des musiciens de cour et des mécènes éclairés.
Du point de vue acoustique, il développe un timbre clair et chantant, typique de l’école française. Les basses profondes, les aigus cristallins, et la légèreté du toucher en font un instrument particulièrement adapté au répertoire de François Couperin, Jean-Henri d’Anglebert ou Louis Marchand, dont les œuvres accompagnaient la vie musicale de Versailles et des grandes maisons nobles.
Une œuvre d’art en soi : décor et ornementation
Au-delà de ses qualités sonores, le clavecin de Labrèche est un objet d’art décoratif, témoin du goût fastueux de l’époque louis-quatorzienne. Le meuble, d’une grande sobriété architecturale, est rehaussé par un décor peint raffiné : rinceaux fleuris, arabesques, détails dorés, parfois même des scènes allégoriques ou pastorales, autant d’éléments typiques de l’esthétique baroque française.
Ce décor n’était pas qu’ornemental : il reflétait le statut social de l’instrument autant que celui de son propriétaire. Dans les salons des hôtels particuliers ou les galeries de musique, le clavecin devait séduire l’œil autant que l’oreille. À Bournazel, cet équilibre entre la rigueur architecturale et le raffinement des arts décoratifs trouve un écho tout naturel.
Le clavecin de Claude Labrèche n’est pas seulement un instrument ancien : il est le témoin d’un monde disparu, où l’art de vivre, la musique, l’artisanat et l’architecture dialoguaient en permanence. Grâce à sa redécouverte et à son accueil à Bournazel, il retrouve une fonction vivante : transmettre, émouvoir, raconter.
En cela, il est fidèle à la mission que s’est donné le château : faire revivre l’esprit de la Renaissance et du Baroque, non comme une nostalgie figée, mais comme une source d’inspiration contemporaine. Le clavecin de 1699, par sa beauté, sa rareté et son potentiel, incarne à lui seul cette ambition.


Informations et réservations
Samedi 28 juin – 20h
Tarif plein : 30 € / –16 ans : 25 €
Forfait pour les 9 concerts : Adulte : 225 € / -16 ans : 180€
Réservations : cliquez-ici
Tél : 05 65 80 81 99 ou 06 65 54 12 42
Adresse : Château de Bournazel, Place du Foirail 12390 BOURNAZEL
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