Marcillac se prépare aux vendanges : entre attente, vigilance et esprit collectif
Patrick Gatch
17 septembre 2025
Cette semaine encore, les derniers paniers ont été vidés sur les terrasses d’Entraygues, de Clairvaux et de Marcillac. Après plusieurs semaines de récolte sous un soleil doux et des matinées brumeuses, les vignerons du Vallon viennent de refermer la période la plus intense de l’année.
La météo, plutôt clémente, a permis d’attendre la maturité idéale du mansois, ce cépage identitaire à la peau épaisse et au cœur généreux. Les grappes ont livré un jus dense, coloré, prometteur. Mais une fois la dernière benne vidée, le vigneron n’en a pas terminé pour autant.
Dans toutes les caves du vignoble, commence un autre ballet : celui du travail du vin. Les jus sont surveillés, les températures contrôlées, les fermentations observées avec attention. Vient ensuite le temps des remontages, où l’on homogénéise les cuves en faisant circuler le vin sur le marc, afin d’en extraire couleur et structure. Puis arrivent les transferts, délicats et précis : certaines cuvées iront en barriques pour un élevage long, d’autres en cuves inox pour conserver leur fraîcheur, d’autres encore en amphores pour gagner en pureté et en texture.
Dans le calme du chai, on goûte, on sent, on écoute. Le vin parle déjà.
L’automne est ainsi une saison de surveillance et d’ajustement, où le vigneron devient à la fois artisan et gardien du vivant. Après l’effervescence des vendanges, il entre dans la lenteur du soin.
Le vin se fait seul, dit-on souvent, mais il se fait surtout accompagné.
Dehors, la nature change de ton. Les vignes rougissent, les feuilles se détachent, la sève redescend. C’est le moment du repos végétatif.
Mais pour l’homme, le travail continue, autrement. On observe les ceps, on note les parcelles fatiguées, on remplace les piquets, on répare les fils, on prépare le sol avant les pluies d’hiver.
Certains semeront des engrais verts – seigle, vesce, moutarde – pour nourrir la terre et retenir l’humidité. D’autres tailleront les jeunes plants mis en terre au printemps, pour leur donner forme et équilibre. Les vignerons expérimentés savent qu’un sol bien préparé à l’automne, c’est une vigne sereine au printemps.
Dans le vallon, les couleurs deviennent flamboyantes. Les coteaux prennent des teintes d’ocre et de cuivre, rappelant la terre argilo-calcaire dont le vin tire sa minéralité. Le vigneron prend un peu de recul, regarde son année : le printemps humide, l’été lumineux, les vendanges généreuses.
L’automne est un moment de mémoire — un temps pour mesurer le chemin parcouru avant le repos hivernal.
La vigne se tait, mais le vin, lui, commence à raconter.
Avec cet automne, se referme le cycle entamé il y a un an sur Aveyronline : quatre saisons au rythme de la vigne et du vigneron.
Du printemps des bourgeons au feu de l’été, des vendanges d’automne à la veille hivernale, chaque période porte sa vérité, son geste, son attente. Ensemble, elles composent la musique patiente du vin, celle que le temps seul orchestre.
Dans le Vallon de Marcillac, la vigne s’endort, le vin mûrit, et le vigneron veille.
C’est une boucle qui se referme — pour mieux recommencer. Car au cœur du terroir, le cycle ne s’arrête jamais : il respire, il se transmet, il renaît, inlassablement.
Sans leurs soutiens, nous ne pourrions pas vous proposer ce dossier, merci de leur rendre visite…
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