l’odyssée de quatre akènes de pissenlit projetés dans l’espace après une série d’explosions nucléaires. Dendelion, Baraban, Léonto et Taraxa flottent dans le vide cosmique, échouent sur une planète inconnue et tentent d’y trouver un sol capable de les accueillir. Le récit, à la fois poétique et déroutant, explore la migration, la survie, le déracinement et la résilience du vivant sous une forme rarement vue au cinéma.

Momoko Seto poursuit ici un travail artistique qui interroge la place du vivant à l’échelle du microscopique comme du cosmique. Tourné entre la France, le Japon et l’Islande, le film a nécessité plusieurs années d’expérimentation visuelle et sonore. La co-écriture avec Alain Layrac apporte une structure narrative plus affirmée, qui canalise l’univers sensoriel de la réalisatrice sans en réduire la force. Cette collaboration crée un équilibre singulier : un film accessible, mais qui conserve une grande liberté formelle.

L’annonce de cette avant-première constitue également un signal fort pour la salle de La Strada, engagée dans une programmation culturelle variée et souvent audacieuse. Accueillir ce film plusieurs mois avant sa diffusion nationale place Decazeville dans le circuit privilégié des premières rencontres entre l’œuvre et le public. Pour Alain Layrac, ce choix répond aussi à un désir de transmission : offrir aux habitants du Bassin, et notamment aux jeunes, l’occasion de découvrir un long-métrage en avance, de comprendre la démarche artistique derrière un projet ambitieux et de montrer que des trajectoires créatives peuvent naître loin des grands centres urbains.

Les thématiques abordées par Planètes entrent en résonance avec les préoccupations du territoire. Fragilité des sols, migration du vivant, adaptation à un environnement hostile : autant de questions qui, transposées dans l’imaginaire cosmique du film, dialoguent avec la réalité des espaces ruraux, leur rapport à la terre et aux équilibres naturels. Cette avant-première devient ainsi un point de rencontre entre un film expérimental et un public ancré dans un paysage profondément marqué par l’industrie, la nature et les transformations contemporaines.

La projection du 18 novembre est pensée comme une invitation à découvrir une œuvre encore en pleine circulation festivalière. Planètes repartira ensuite vers d’autres villes avant sa sortie officielle au printemps 2026. En attendant, Decazeville s’apprête à vivre l’un de ces moments rares où un film venu du cosmos trouve son point d’ancrage dans un territoire qui lui offre un premier public attentif et curieux.