Les photographies de Quentin Tourbez ne sont pas de simples illustrations : elles prolongent le propos, l’ancrent dans le réel, captent la lumière d’un matin d’hiver, la poussière d’une bergerie, ou le regard franc d’un éleveur. Elles donnent corps aux mots, et font de l’ouvrage un véritable objet de transmission sensible. Ce livre se lit, se regarde, se feuillette avec lenteur, presque comme un album de famille dédié au territoire.

Ce livre n’est pas qu’un hommage aux brebis ou à ceux qui les élèvent. C’est aussi un hommage au pays, à ce Sud Aveyron rude et majestueux, sculpté par les vents et le pastoralisme. Du Larzac à Roquefort, des plateaux arides aux vallées ombragées, le terroir n’est pas décor : il est personnage. Chaque page transpire le respect pour cette terre que l’on ne possède jamais vraiment, mais que l’on habite avec humilité. On y retrouve les grands paysages du causse, les lavognes, les jasses, les murets de pierre sèche, les drailles millénaires — autant d’éléments qui racontent une histoire collective.

Au fil des chapitres, Au pays des brebis s’élève aussi comme une méditation sur ce que signifie « vivre au pays » aujourd’hui. Comment transmettre ? Comment faire perdurer un modèle agricole à taille humaine dans un monde globalisé ? Comment donner envie aux jeunes de revenir — ou de rester ? En filigrane, c’est toute la question de la transmission et de la résilience qui est posée, sans jamais verser dans le prêche. Les auteurs donnent la parole aux acteurs du terrain, qui témoignent avec sincérité, parfois avec douleur, souvent avec espoir.

Ce livre parlera à tous ceux qui aiment l’Aveyron, bien sûr, mais aussi à ceux qui cherchent à comprendre les enjeux d’un monde rural en mutation. Il plaira aux lecteurs attentifs à l’écologie, au patrimoine, à la dimension humaine du travail agricole. Et, peut-être, il fera naître chez certains l’envie de poser les valises sur un causse et d’y apprendre la lenteur, la rigueur, et la beauté d’un mode de vie enraciné.