Photographe discret mais incontournable de la scène alternative, Jacques Revon explore depuis plusieurs décennies les profondeurs de l’image argentique. Loin des automatismes du numérique, il choisit la lenteur, le geste, la matière. Pour lui, photographier, c’est écrire avec la lumière, mais aussi dialoguer avec les sels d’argent, le papier, les bains chimiques — dans une approche quasi alchimique.

Formé aux techniques classiques du laboratoire, il s’en est émancipé pour développer ses propres procédés : révélateurs « faits maison », papiers insolites, virages toniques, solarisations, sténopés modifiés, et autres expérimentations où chaque tirage devient une œuvre unique. Son laboratoire, installé à son domicile, est un théâtre d’ombres et de transparences où le temps suspend son cours.

Revendiquant une démarche artistique à contre-courant, Jacques Revon interroge notre rapport à l’image. Il photographie souvent le paysage, le végétal ou la trace humaine dans l’espace, mais son véritable sujet est la transformation : celle de la lumière qui devient matière, du réel qui devient empreinte. Ses séries oscillent entre abstraction et figuration, et flirtent parfois avec le domaine de l’art brut photographique.

Il transmet avec passion un savoir-faire rare, au service d’une autre idée de la photographie, plus tactile, plus incarnée, presque artisanale.