Natif de Quins, dans le Ségala, Émile Sudres (1914–1988) fut prêtre, mais aussi naturaliste, historien amateur et surtout photographe passionné. Son regard affûté et curieux s’est attaché, tout au long de sa vie, à documenter le patrimoine du Rouergue, qu’il soit religieux, rural, végétal ou paysager.

Membre actif de la commission d’Art sacré, il entreprit, aux côtés de l’abbé Antoine Débat, un vaste travail d’inventaire du mobilier et des richesses des églises aveyronnaises. Il recensa également les témoignages du passage des pèlerins de Saint-Jacques à travers l’Aveyron, tout en poursuivant inlassablement une œuvre photographique rigoureuse et généreuse.

À partir des années 1960, il immortalise aussi les grands événements du territoire : le bimillénaire de Rodez, la mobilisation du Larzac, ou encore les fêtes populaires comme celles de la Saint-Bourrou, à Marcillac, qu’il photographia notamment en 1970, 1977 et 1979. Ses clichés de 1977 sur le vignoble de Marcillac, véritables témoignages ethnographiques, montrent les vendanges, les outils, les vignerons et le paysage dans leur dimension la plus vivante et sincère.

Loin de toute esthétisation gratuite, son travail vise la transmission et la mémoire. Il portait un intérêt particulier au monde agricole, aux gestes simples, aux communautés rurales, et à ce qui en faisait l’âme profonde.

Conscient de la valeur patrimoniale de ses photographies, l’abbé Sudres a légué à la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron une vaste collection de diapositives, fruit d’une vie de déambulations savantes, d’engagement et de passion.