J L Laures

En 2017, l’antenne de l’Agence française pour la biodiversité s’est installée dans les locaux du Conseil départemental. Mission principale de ce nouvel établissement public : mieux connaître la faune et la flore de l’Aveyron pour organiser sa protection.

Jean-Luc Laures a toujours été attiré par l’eau, celle du Sorgues qui roule sous le pont vieux de Saint-Affrique où il est né, celle des lacs du Lévezou, des tourbières. Au Conseil supérieur de la Pêche, puis à l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, ce mordu de pêche en a mesuré la richesse mais aussi la fragilité. Premier chef de service de l’Agence française pour la biodiversité, il est plus que jamais dans son élément.

Les missions de l’Agence française de la biodiversité s’étendent au delà de la surveillance des eaux…

Nous intervenons sur toute la palette du vivant, pas seulement celle des lacs et rivières qui restent des indicateurs fiables de la bonne santé de la flore et de la faune. Notre premier domaine d’action est la connaissance. On ne peut pas protéger sans connaître. Or on cerne assez bien les zones fragiles, comme les tourbières des Rauzes et des Founs, le Larzac ou le plateau central de l’Aubrac, mais on connaît assez mal la biodiversité des zones non menacées, celle des grandes plaines agricoles du Segala, par exemple. De même, nous ignorons quelle est la répartition des espèces sur chaque territoire. La connaissance globale de notre biodiversité va nous permettre de conseiller les services de l’Etat, le Département et les collectivités locales dans leurs missions d’aménagement du territoire. Nous ne partons pas de zéro, mais l’Aveyron est un département immense ! 

L’aide de relais locaux vous sera nécessaire...

C’est une autre mission en effet. Nous nous appuyons sur les associations locales et départementales, la LPO, les sociétés de chasse et de pêche, les sociétés savantes présentes sur leur territoire. Avec leur aide, nous allons mailler le département et mettre en place une banque de données informatisée qui va dresser une vision réelle de l’état de la biodiversité en Aveyron. 

Berge du Lot
Sur les berges du Lot

Vous avez également des missions de contrôle et de répression. Cela peut aller jusqu’où ?

Nous travaillons sous l’autorité du Procureur de la République de Rodez. Il pilote nos missions de contrôle de police judiciaire relevant des infractions au code de l’environnement. Nous insistons beaucoup sur la prévention, le contrôle de la vente des produits phytopharmaceutiques par exemple. Parfois la sanction s’impose, c’est le cas en matière de pollution volontaire ou de décharges sauvages.

Les chiffres de la disparition des insectes et des oiseaux récemment révélés sont alarmants. Comment restaurer des éco-systèmes dégradés ?

Tout commence par de la pédagogie. En premier lieu auprès du jeune public, très sensible à ces menaces, auprès des élus, des citoyens, des agriculteurs et des industriels. Les atteintes à la biodiversité sont rarement volontaires, elles sont surtout le fait de l’ignorance de la réglementation. Il faut donc informer et inciter à changer les modèles, en particulier celui de l’agriculture intensive qui a un fort impact sur la biodiversité.

Il faut aussi prendre en compte l’introduction d’espèces étrangères, plantes ou animaux, comme le silure ou le ragondin…

Le silure est arrivé chez nous relativement récemment. Les pêcheurs l’apprécient, c’est un gros poisson dont la capture est toujours excitante, mais il est certain qu’il a remplacé une espèce endémique ; on ne mesure pas encore les conséquences de sa présence sur le milieu aquatique du Lot ou du Tarn. Encore un sujet d’étude… Pour le ragondin c’est clair, il est classé nuisible. En cas de besoin on doit faire appel aux agences de l’eau, mais avant tout il faut entretenir régulièrement les rives, c’est ce qui va l’empêcher de s’installer.

Quels cours d’eau recommandez-vous pour sa biodiversité ?

La Dourbie, qui se jette dans le Tarn à Millau. Elle est superbe. C’est encore une rivière presque sauvage dans sa partie amont. Dans le nord, je recommande la Selve, en amont de Laguiole. On peut y observer des loutres… A ce sujet, le film « D’eau et de Lumière » de Denis Poracchia est un magnifique témoignage sur la nature de notre département. C’est le genre d’initiative qui devrait inciter les gens à mieux la protéger. 

Berge du Viaur
Berge du Viaur

Plus d’infos : www.afbiodiversite.fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici