exen, chauve souris

Qui aurait cru qu’une petite entreprise comme Exen, implantée à Vimenet et partie de rien, devienne une référence nationale dans l’expertise de l’environnement en général et de la biodiversité, en particulier. Mieux, elle est hyper spécialisée dans le comportement de la chauve-souris.

Cette aventure extraordinaire est partie de Yannick Beucher. Aujourd’hui, le fondateur et gérant est à la tête d’une vingtaine de salariés (28, l’été avec les saisonniers). Cette réussite est basée sur l’amour des espèces animales et leur observation. Exen travaille sur l’impact des infrastructures sur les chauves-souris. « Il faut savoir que 80 % des impacts provenant des éoliennes touche la faune volante. Au début, nous avions étudié ces impacts sur les oiseaux, aujourd’hui nous nous apercevons que les chauves-souris sont les plus touchées. Les rapaces et les chauves-souris sont tués par collision avec les éoliennes, par barotraumatisme », explique Yannick Beucher. Ce phénomène est en réalité un accident touchant les tissus les organismes vivants. Il est causé par un changement de pression des gaz dans le corps. C’est en observant ces accidents qu’Exen comprends mieux les relations des causes à effet entre les structures bâties par l’homme et la destruction des espèces autochtones ou endémiques.

Exen travaille également sur la construction des ponts, des ouvrages, du photovoltaïque, des routes et autres projets qui affectent la faune sauvage. « Nous comprenons mieux quelles espèces sont menacées par les éoliennes et quels comportements, ils adoptent suite au changement induit dans leur environnement », souligne Yannick Beucher.  

Les études menées et les informations collectées permettent à Exen d’alimenter une banque de données construisant l’historique et le suivi de ces impacts sur les espèces volantes. Cette expertise, d’une quinzaine d’années fait de l’entreprise aveyronnaise une pointure, dans le domaine. « Nous nous sommes spécialisés dans la recherche de solutions et dans les grands types de risque. Nous avons découvert, par exemple, qu’en faisant diminuer de 1 à 2% la production d’énergie, nous obtenons un gain pouvant aller jusqu’à 95% de la biodiversité », ajoute le chercheur.

Exen s’est aussi aperçu que « les grands rapaces qui n’ont pas de prédateurs, n’ont pas peur ». Ce sont « des paquebots, qui à l’approche des éoliennes ont du mal à s’en éloigner rapidement et vont en général dedans ». « L’idée est de pouvoir adapter la présence de l’oiseau et d’arrêter les machines, à temps ».  Ce sont ce genre de découvertes qui font d’Exen est une référence, en matière de prévention.

Le rôle de l’entreprise s’envisage en amont, également. L’exemple du parc de Lapanouse-de-Cernon est parlant. « Le parc était à l’arrêt, suite à une polémique. Nous avons été missionnés pour le faire fonctionner, tout en maîtrisant les risques », confie l’écologue. Pendant les deux années d’étude, Exen s’est servi de caméras de détection de drones pour simuler les animaux volants. « Aujourd’hui, le parc a bien redémarré, avec toute une série de mesures de réduction de risques de collision des grands rapaces », se félicite le chercheur..


Yannick BEUCHER  

un écologue passionné de chauves-souris

Une maîtrise biologie en poche, Yannick Beucher s’est lancé dans la vie comme ingénieur agricole. A la faveur d’un licenciement économique, il se monte tout seul, à Vimenet, grâce aux aides pour les créations d’entreprises. « C’était 2003, et le département de l’Aveyron était l’un des premiers en France, à voir s’installer des éoliennes », se remémore le jeune chercheur. C’est alors le début de l’aventure qui l’amènera à devenir écologue, un scientifique spécialiste de l’écologie. De fil en aiguille, il devient spécialiste des chiroptères (la famille des chauves-souris). « C’est encore le dernier domaine où l’on peut encore faire des découvertes biologiques », confie le chercheur. Une assertion qui s’est avérée. 

« Jusqu’en 2006, on pensait que la chauve-souris était uniquement herbivore. En 2016, on découvre qu’elle est carnivore. Grâce à nos recherches, nous en avons trouvé ici à Saint-Geniez d’Olt », souligne celui a fondé une association qui a pour objet l’observation de la chauve-souris. Yannick Beucher et ses amis adhérents (la majorité sont salariés d’Exen) passent leur week-end à la recherche de ces bêtes, très mal connus encore. C’est ainsi qu’ils ont « mis à la main » sur la grande noctule. Une chauve-souris vivant en Europe, mais mal connues. « Nous avons mis un GPS d’environ 3 g sur cette chauve-souris qui peut peser jusqu’à 60 g. Nous nous sommes aperçu qu’elle pouvait faire jusqu’à 150 km, la nuit pour aller chercher à manger. Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons aussi enregistre le son », admet le chercheur, qui espère bien faire d’autres découvertes sur la grande noctule, notamment.  

A noter qu’en 2010, le ministre de l’Écologie lançait un appel d’offres pour la réalisation d’un guide d’impact. Exen se lance dans le projet et le remporte. Résultat, aujourd’hui, des entreprises allemandes, comme Kjm conseil environnement, profite de l’expérience de l’entreprise aveyronnaise.


Pour en savoir un peu plus….

Film-reportage de Pascal Gaubert qui a suivi en 2013 l’équipe d’EXEN et de Chauve-souris Auvergne à la poursuite de la plus grande chauves-souris d’Europe, la Grande Noctule (Noctula lasiopterus) dans le Puy de Dôme.

Après la découverte par EXEN du premier gite de mise-bas le 28 juin 2012, il s’agissait en 2013 de tenter à nouveau la recherche de la colonie pour confirmer l’efficacité de la nouvelle méthode « EXEN » de recherche de gite sans capture (non invasive). Il s’agissait aussi de préciser la biologie de l’espèce en estimant la date de mise-bas, puis de mieux comprendre son activité nocturne par une opération de télémétrie.


Les résultats de l’étude remettent en question quelques unes des connaissances initiales sur l’écologie de l’espèce en Europe, et notamment parmi elles, l’hypothèse d’une ségrégation altitudinale des mâles et des femelles en période de mise bas (hypothèse supposant l’influence de conditions climatiques et notamment de la température). A plus de 1000 m d’altitude, les colonies découvertes en Auvergne témoigneraient plutôt de l’importance d’une alimentation particulière et/ou l’opportunité d’un très important réseau de gîtes arboricoles (plus de 80 loges de Pic noir) leur permettant d’en changer tous les jours. D’après les observations, ces changements de gîtes quotidiens s’organiseraient lors de rassemblements des chauves-souris en vol au dessus d’une même colline chaque début de nuit et chaque fin de nuit, pour les deux années de suivi. En fin de nuit, ces rassemblements seraient l’occasion de comportements sociaux permettant de faire converger le groupe vers le gite choisi pour la journée. Bien des questions restent en suspend sur le rythme d’activité nocturne, sur les territoires vitaux, les hauteurs de vols, l’alimentation, les modalités de fréquentation des gîtes, ou sur ces notions d’organisations sociales inter-groupes.

Bref, un échantillon de belles images de pénombre qui couvrent quelques jours de track intensif dans la peau de chiroptérologues passionnés… mais des images qui ne représentent que la partie émergée de l’iceberg « Grande noctule ».

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