Françoise Desmas est aumônier à l’hôpital Sainte-Marie. Un métier atypique, autrefois à 100 % masculin, mais aujourd’hui exercé à 90 %, par des femmes. Elle y apporte sa touche, dans l’altérité et par la musique.

Dit-on d’une femme que c’est un aumônier ou une aumônière ? Bien que se sentant éloignée des questions féministes, Françoise Desmas, préfère rester dans le respect de la sémantique. « Je suis chrétienne d’abord. Je relève de l’église catholique. Pour l’hôpital Sainte-Marie, je suis une professionnelle d’abord. Je suis embauchée en CDI », explique l’aumônier.

Mais alors qu’est ce qui la différencie d’un aumônier homme ? La question a la faculté de faire sourire Françoise. « Je suis sûre de ce que je suis. Je n’ai pas de revendications féministes. C’est pour cela que je me présente comme Françoise de l’aumônerie de Sainte-Marie. Car avec certains religieux, je sens des tensions particulières. Ils ont renoncé à beaucoup de choses pour devenir aumônier. Ils se retrouvent remis en cause, dans leur engagement, voire dans leur identité. Il faut prendre soin d’eux », confie Françoise Desmas. Si elle réagit avec indulgence, c ‘est qu’elle sait d’où elle vient et où elle va. Elle sait que « 90 % des postes d’aumôniers sont occupés par des femmes ». Elle sait qu’elle est dans le sens de l’histoire. Cette professionnelle qui a fait une partie de sa carrière en tant qu’assistante sociale et ensuite comme ambulancière cherche l’interaction sociale, avant tout. C’est l’humain qui guide ses pas, ses choix. A certains moments de sa vie, elle s’en est éloignée, pour mieux le retrouver. « Des événements personnels et professionnels m’ont incitée à prendre d’abord une année sabbatique, avant d’en prendre cinq finalement ».

La crise de la quarantaine lui a permis de faire une pause, un bilan, d’entamer une réflexion sur le sens des choses.

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« Je me suis retirée dans un monastère, où il y avait une vingtaine de sœurs. Je voulais sans doute me rapprocher de la religion, en tous les cas d’être dans ce bain », se rappelle-t-elle. C’est d’ailleurs là, qu’elle apprend que des postes d’aumôniers ne sont pas satisfaits. Elle décide de postuler.

Elle est engagée à Angers. Sa famille du côté maternelle, installée à Figeac lui fait signe. Elle y répond. « Je veux finir mes jours à Figeac. Nous avons une maison familiale là-bas. C’est un lieu ressource », confie Françoise Desmas.

De fil en aiguille, la voilà à l’hôpital Sainte-Marie à Olemps, avec une mission pastorale très précise. « L’évêque nous envoie comme le témoin de la tendresse et de la miséricorde de Dieu à toute personne ». Pour l’hôpital, sa fiche de pose est tout aussi précise. « Je suis LA personne autorisée à entendre le besoin spirituel des patients », dit-elle.

Mais Françoise Desmas fait plus qu’entendre. Elle écoute la détresse de ces personnes empêchées, internées…Elle reçoit autant qu’elle en donne. Elle partage sa passion de la guitare et du chant avec ce public, qui en redemande. Elle fait du sur-mesure, selon les services et les patients. « Le fait d’être une femme n’est pas neutre. Toutes mes relations sont marquées par l’altérité. Il faut se réajuster vis à vis des hommes, car ici il y a un désert sexuel énorme, pour certains », souligne l’aumônier.

En plus de sa guitare, l’aumônier utilise des « outils » subtils comme la confiance et la vigilance pour arriver à une relation apaisée. Françoise est persuadée que la relation humaine est forcément « colorée par le féminin et le masculin ». Elle l’est d’autant qu’elle pense que « chez les hommes il y a une féminité et inversement ». Alors pour travailler, elle fait surtout avec sa sensibilité très personnelle. Elle propose des temps fraternels à travers la musique, pour faire du bien aux soignants et aux patients. Elle leur chante du Cabrel, du Bécaud et du Renaud…

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Vue de la chapelle

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