Clémentine Saintoul est comédienne, metteur en scène et autrice. Elle est directrice artistique de la compagnie la Mezcla. Elle est aussi française, parisienne, aveyronnaise, argentine, un peu Ch’timi…Elle est une femme, une intellectuelle, une artiste…Comment la qualifier alors ? Une question qu’on lui a souvent posée. Jeune elle répondait, « je viens de l’Équateur. On me disait n’importe quoi, c’est une ligne imaginaire ! »

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Clémentine SAINTOUL COLOMBRES, « une femme, une intellectuelle et une artiste.

Et d’ajouter, « quand j’étais comédienne, je voulais jouer des rôles d’hommes, comme celui d’Hamlet de Shakespeare. Cela me paraissait naturel. Mais je me suis aperçue que ce n’était pas vrai pour tout le monde. J’ai toujours eu envie de déborder de la case, de sortir du cadre », affirme l’artiste. Tout au long de sa vie, elle a été confrontée à cette question identitaire, forcément restrictive. « En Argentine, on me demandait ce que j’en pensais ? A Paris, on me demandait d’où je venais? ». Autant de questions qui n’intéresse en rien, celle qui embrasse le monde, dans sa globalité, dans ses cultures diverses et colorées…

Enfant précoce intellectuellement, elle s’est toujours demandé « pourquoi, quand on sait que des sujets sont faux, on y croit quand même ? ». Une question philosophique qui la mènera vers une réflexion profonde sur le sens du monde, jusqu’à compiler des connaissances dans le domaine de la physique quantique.

Quels liens me direz vous avec cette artiste survoltée, jonglant avec ses multiples compétences ? C’est sa sensibilité, bien sûr, dont elle fait une théorie. « Sur une scène, je vois des milliers de choses que personne ne voit. C’est comme si j’étais connectée sur une fréquence radio différente des gens qui m’entourent ». Aucune magie là-dedans. Clémentine Saintoul Colombres croit dur comme fer (même si le fer est poreux selon la physique quantique) que l’éducation occidentale « nous a coupés de nos émotions et de notre sensibilité. L’Occident nous a coupé de nos sensations, il a mis nos perceptions sensibles au placard. Tenez, on en fait tout un truc du cerveau. Mais cela reste un émetteur. Il est vide selon la physique quantique ».

Elle croit en revanche à la communication de la matière où qu’elle soit, à « l’effet papillon ».

Dans la compagnie la Mezcla (mélange en espagnol) qu’elle a créée en 2014, elle souhaite assembler, s’associer « avec des jeunes, des vieux, des noirs, des bleus et des verts, des talents et des envies de travailler ». Des enfants, elle dit qu’ils sont aussi « très tôt  coupés de leur sensibilité. Ils sont orientés vers des métiers, des débouchés. Les garçons aussi sont conditionnés pour conquérir le pouvoir, tandis que les filles le sont pour être dociles. D’ailleurs, les hommes sont les premières victimes de cette éducation. Quand on leur demande d’oublier tout ce qui fait leur sensibilité, ça reste ultra violent ! »

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Clémentine SAINTOUL COLOMBRES, Directrice de la compagnie de la Mezcla.

Prolixe, curieuse et insatiable, Clémentine pointe du doigt l’éducation des filles. « On les a coupées de leurs compétences. Tout se passe comme si opposait sensibilité et compétences ! », s’insurge t-elle.

Pour autant, l’artiste ne fait pas dans le féminisme primaire. « Je ne dis pas que l’homme est un ours et que la femme est une princesse ». Non, loin des stéréotypes, elle veut écrire le monde avec ses mots et sa propre sensibilité. Celui des « femmes qualifiées de sorcières et qui avaient la capacité de voir le monde invisible. Une réalité condamnée par la Religion».

Le travail de Clémentine Saintoul Colombres est comme une page ouverte qu’elle invite à remplir avec elle. Tout au long de sa carrière, et c’est aussi vrai depuis qu’elle s’est installée en Aveyron (à la Salvetat-Peyralès), elle entend travailler avec tous les publics. « Beaucoup parlent du monde d’après. Mais en Aveyron, j’ai rencontré tellement de talents, que le monde d’après, nous sommes en train de le faire. Il y a une telle énergie circulaire, tellement de manières de faire qu’on va créer de grandes choses », confie t-elle avec conviction.

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