Sarah Despinoy a fait un choix de vie singulier en devenant paysanne herboriste au Sentier des Plantes à Firmi. Elle a donné un nouvel élan à sa vie en vivant au plus près de ses convictions et de sa passion.
Femme de cœur et humaniste, attachée aux valeurs environnementales et éthiques, Sarah s’est laissé prendre au jeu des questions-réponses pour nous sensibiliser à son activité qu’elle vit à 100 % au quotidien.
Sarah, quel est ton parcours ?
J’ai une formation de technicienne forestière avec un BTSA en 1998. Puis, en 2002, j’ai repris des études avec un master 2 recherche en géographie rurale. Fin 2011, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose qui avait du sens pour moi. Les plantes aromatiques et médicinales (PAM) sont arrivées naturellement à mon esprit. Je possédais des bases solides sur la botanique, les écosystèmes et les milieux naturels. En 2012, je suis retournée sur les bancs de l’école pendant 6 mois en Auvergne au CCFPPA de Marmilhat ou j’ai eu une certification sur les Plantes Aromatiques et Médicinales. Je suis spécialisée dans leur reconnaissance en milieu naturel, leurs transformations, leur mise en culture et leurs commercialisations.
Pourquoi avoir choisi ce domaine ?
Au fond de moi, je pense que j’ai toujours voulu être paysanne. Pendant vingt ans, je me suis cherchée, j’ai eu différentes expériences de vie et professionnelles enrichissantes. Les plantes étaient en moi, il a fallu que ça infuse ! J’ai toujours gravité autour de l’environnement et de ses problématiques, ça coulait dans mes veines !
Que proposes-tu au sein de ton entreprise le Sentier des plantes à Firmi ?
Depuis 2014, les plantes que je cueille ou cultive sont récoltées et transformées à la ferme par mes soins. Il en découle une ribambelle de produits dérivés.
Je propose des tisanes, des sirops, des sels aux plantes et aromates, du vinaigre, des eaux florales, des huiles essentielles, de la sève de bouleau fraîche, des confitures, des sorbets et des jus de fruits pomme car j’ai des fruitiers (pomme, prune, poire) que je valorise.
J’effectue aussi des animations avec des balades pour découvrir les plantes locales, la cuisine sauvage, la distillation, … J’ouvre mon exploitation le jeudi à 17h, sur réservation de mi-juin à mi-octobre, au public. Je fais une visite guidée de ma ferme et j’explique le métier de paysanne herboriste.
Comment mets-tu l’accent sur les côtés environnementaux, biologiques et éthiques dans ta production ?
Ma ferme et mes produits sont certifiés AB. Il est inconcevable d’être paysanne herboriste sans être labellisé bio. Je travaille une quarantaine de plantes qui sont issues soit de mes cueillettes, soit de mes cultures. A 90 % elles proviennent de ma ferme, seules quelques plantes sont glanées dans un périmètre de 20 km. Pour la lavande et le thym, je m’autorise plus d’une heure de route pour les récolter. Ce sont des choix qui me sont propres. Sur ma ferme de deux hectares se mélangent : plantes sauvages et cultivées, milieux ouverts (prairies) et fermés (bois, taillis, haies), je conserve les zones de friches également. Certains diront que je fais de la permaculture, je préfère le terme de pratiques agroécologiques.
Quels sont tes objectifs avec de telles pratiques ?
C’est de maintenir différents milieux, écosystèmes, qui cohabitent ensemble. Les zones de friches sont une ressource pour moi. Elles rentrent dans mes plantes de cueillettes (ortie, ronce, plantain, carotte sauvage, achillée millefeuille…) et assurent une protection pour les espèces implantées (ombre, gainage), un paillage pour le sol (fougère, ortie, plantain…) limitant l’évapotranspiration et contribuant à la biodiversité floristique et faunistique du site.
Au Sentier des Plantes, on ne doit pas trouver ou très peu de lignes de cultures, tout se mélange au sein d’une friche cultivée. Sur les zones de prairies, je pratique une fauche tardive, qui permet à des espèces de s’épanouir tel le lin sauvage ou le coquelicot, c’est un lieu de récolte sauvage (carotte, achillée, gaillet…), seuls des sentiers de passage sont tondus régulièrement.
Avec qui travailles-tu ?
Je travaille avec les particuliers, les commerçants locaux et je fais de la vente directe sur les marchés, … À la ferme de mi-juin à mi-octobre, j’accueille le public le jeudi à 17h, et je fais des visites guidées.
Je suis sur le marché de Rodez le samedi matin (le 2e et 4e du mois) mais aussi sur des foires et des marchés de producteurs de pays estivaux.
Je collabore avec des boutiques locales sur le Bassin et depuis peu je suis associée avec le magasin de producteurs de Nuces : Le Panier Paysan.
Actuellement, j’aimerais travailler avec les restaurateurs mais le contexte sanitaire actuel empêche cette dynamique.
Quels sont tes projets ?
J’envisage de faire des plantes en vrac ou en demi gros. Avec des collègues producteurs de PAM, on est en train de se structurer pour pouvoir toucher d’autres clients. On pense notamment aux laboratoires et aux entreprises qui cherchent des plantes sèches, des huiles essentielles ou des hydrolats en grand volume. A plusieurs, on peut répondre plus facilement à leur demande.
Quelle est ta plus grande fierté dans ton métier ?
Je suis épanouie, heureuse et vis à 100 % mon métier. Je travaille au contact de la nature pour proposer des façons naturelles pour s’alimenter ou se soigner. J’accompagne mes clients dans un mode de vie plus sain pour leur permettre d’être bien dans leur vie et dans leur corps. Ce rôle de conseil au plus proche de l’humain me permet de me sentir utile tout en restant en adéquation avec mes valeurs. La satisfaction de mes clients est une priorité et leur reconnaissance est une belle récompense pour moi. Paysanne herboriste, il faut avoir ça dans la peau et moi, c’est mon ADN, je suis heureuse au quotidien.
Pour plus de renseignements : Le Sentier des Plantes – Plantes aromatiques et médicinales – Sarah Despinoy – Chemin d’Estèpe – 12300 Firmi – 06.09.61.50.91 – lesentierdesplantes@free.fr
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